Nous faisons tous face un jour ou l’autre à une épreuve de la vie, voire même à un traumatisme. Il est parfois difficile de les surmonter. C’est ainsi que Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et psychanalyste, a développé la notion de résilience, qui apparaît comme une manière de dépasser la douleur.
L’œuvre de Boris Cyrulnik trouve ses racines dans les événements traumatisants qui ont marqué les premières années de sa vie. Très tôt, Boris Cyrulnik a été contraint à lutter pour survivre. Durant l’occupation, sa mère le confie à une pension pour échapper à la déportation. Seulement âgé de six ans, Boris perd ses deux parents. Quant à lui, il est tout de même arrêté par la Gestapo lors d’une rafle à Bordeaux. Il s’évade alors en se cachant sous un corps dans une ambulance. Finalement, il survit à la guerre, hébergé par une douzaine de familles d’accueil et institutions, avant d’être élevé par sa tante maternelle. C’est dans cette rude adversité que le processus de résilience qu’il théorise émerge. Très tôt, vers l’âge de 10 ans, il décide de devenir psychiatre, pour « comprendre, s’engager psychologiquement, humainement, pour essayer de limiter les dégâts ».
Mais qu’est-ce que la résilience ? Le travail de résilience est une transformation de l’émotion. C’est le fait de métamorphoser la souffrance en œuvre créative. Boris Cyrulnik explique que la création, qu’elle passe par l’écriture, le théâtre, le dessin ou encore la photographie, permettrait à la fois de s’inventer un monde et de se reconstruire. D’après Cyrulnik, ceux qui n’adoptent pas un tel point de vue restent prisonniers de leur passé : « Ils ne voient et ne vivent que l’horreur du réel, la blessure intérieure, l’inquiétude, l’angoisse ».
Finalement, il me semble que la plus belle figure de ce concept de résilience est une femme formidable : Frida Kahlo. Dans son autoportrait nommé « colonne brisée », debout dans un paysage aride, Frida nous toise, seins nus, stoïque dans son corset de fer. Fissuré en deux, son buste est criblé de clous. Des larmes perlent sur ses joues. Dans cet autoportrait figure l’expression de la douleur que la peintre mexicaine a endurée toute sa vie suite au terrible accident de bus survenu à l’aube de ses 18 ans. Frida a subi jusqu’à sa mort de longues périodes d’alitement et de lourdes opérations qui ne l’ont jamais soulagée, et a été privée de son désir de maternité. Pourtant, cette femme au tempérament de feu n’a pas renoncé à voyager, à peindre plus de 140 toiles et à connaître des relat
ions passionnées. Nous pour
rions considérer son œuvre comme un précieux outil de compréhension des plus lourdes peines du corps et de l’âme. Ainsi, elle apparaît comme un puissant symbole de résilience.
Enfin, considérons qu’il n’est jamais trop tard pour cheminer vers cette résilience. C’est une belle philosophie de vie, dans laquelle figurent des ressources utiles à tous âges, tout au long de la vie, au fil du temps.